Un savant et humaniste nous a quittés : Hommage à Josué Feingold
Né en 1933, Josué Feingold s’est tourné vers la génétique après ses études de médecine et son internat en pédiatrie en optant pour une formation en Faculté des sciences. Il a compris très tôt l’importance des mathématiques en génétique, et approfondi l’aspect statistique et probabiliste de la discipline. Inspiré par les recherches du généticien James Neel - qu’il a connu lors d’un séjour aux Etat-Unis, et qui a, selon ses propres termes, marié l’épidémiologie et la génétique - Josué Feingold a créé en France cette nouvelle discipline, qu’il a nommée, à la suite de Newton Morton : la Génétique épidémiologique. Il l’a développée d’abord en tant que chercheur dans l’unité de Génétique médicale dirigée par Jean Frézal, puis dans l’unité 155 « Recherches en génétique épidémiologique » qu’il a créée en 1976 au sein de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), localisée au Centre international de l’enfance fondé par le grand pédiatre Robert Debré.
Cette discipline a pour objectif de comprendre la composante génétique des maladies en suivant deux types d’approche : l’étude au sein de familles et celle de groupes de population. Elle se trouve, de ce fait, à l’interface de la génétique formelle utilisée pour l’étude des maladies génétiques à transmission mendélienne et de la génétique des populations, que Josué Feingold avait étudiée avec Albert Jacquard. Josué Feingold et les chercheurs de son unité ont ainsi contribué à la connaissance des mécanismes génétiques à l’origine de malformations congénitales, de certains cancers et de plusieurs maladies chroniques comme le diabète insulino-dépendant, la sclérose en plaques...
Directeur de recherches émérite à l’Inserm depuis 1999, Josué Feingold a fait toute sa carrière dans cet organisme. Il a été le conseiller de Philippe Lazar, directeur général de1982 à 1996, pendant toute la durée de son mandat. Il attachait beaucoup d’importance à l’enseignement, par des cours données dans diverses maîtrises et mastères de recherche, et surtout par l’encadrement d’étudiants et de jeunes chercheurs qu’il a formés à la génétique épidémiologique.
Josué a établi un vaste réseau de relations au service de la génétique dans laquelle il était une référence incontestable. Il a été un fédérateur et amené de nombreux médecins et scientifiques à collaborer ensemble. Humaniste et généreux, il a toujours privilégié le développement et la transmission des connaissances à sa propre carrière. Grâce à lui, le groupe de chercheurs français de la génétique
épidémiologique a su prendre une place privilégiée dans un domaine hautement compétitif au niveau international.
Josué Feingold était signataire de très nombreux articles dans des revues internationales et a participé à plusieurs ouvrages. Il a contribué à la diffusion des connaissances dans le grand public en publiant, entre autres, un livre sur la génétique médicale dans la collection « Que sais-je ? » (PUF). Jusqu’à l’année dernière, il assurait une consultation de génétique en neurologie à l'Hôpital de la Salpêtrière à Paris.
Josué Feingold s’est éteint le lundi 2 mars 2015 à l’Hôpital Georges Pompidou à Paris.
La Société française de génétique humaine (SFGH) dont Josué était l’un des fondateurs et la Fédération française de génétique humaine (FFGH) s’associent à cet hommage de tous les anciens de l’unité 155 de l’Inserm et présentent à son épouse, ses enfants et petits enfants ses plus sincères condoléances et marques de sympathie.